Aujourd’hui, l’objectif est de rallier Tongue, sur la côte nord de l’Écosse. La journée s’annonce radieuse, mais froide ! Au réveil, le mercure atteint timidement les 9°. Lors de ma préparation, j’ai planifié des vêtements jusqu’à 7° au minimum, je ne tiendrai effectivement pas longtemps en dessous. Le petit-déjeuner est donc, comme souvent, vite expédié. J’essaie de ne pas réveiller mes voisins bikers, qui ronflent aussi fort que vrombissement leurs machines (rien d’étonnant vu le nombre de bières ingurgitées la veille). Je pars vers 7h30, les mains engourdies par le froid. Dans ces conditions, pas de secret, il faut mouliner pour réchauffer les articulations, puis le corps. La route jusqu’à Inverness est très plaisante et j’arrive vers 10h dans la ville portuaire, toujours endormie. Après tout, nous sommes un dimanche. Les passages en ville, s’ils sont agréable pour les yeux et les sens, le sont moins pour le chrono. Le GPS et moi-même nous perdons lamentablement dans les faubourgs. Après bien des tours et des détours, je passe enfin le grand pont qui marque la sortie de la ville vers le nord. Commencent alors plusieurs dizaines de kilomètres qui semblent interminables, tant le vent de face me cloue sur place. Je dépense une énergie folle pour essayer de maintenir un petit 20km/h, sans même parfois y parvenir. Une fois passée Alness, j’engage une longue mais facile montée sur la colline qui surplombe la rade. J’arrive en haut en sueur (le soleil tape) et je me fait cueillir, comme beaucoup d’autres, par un magnifique café. Il est midi, je meurs de faim et je n’ai plus d’eau, l’occasion est trop belle. Je m’installe donc en terrasse, avec une vue magnifique. On me sert un grand café accompagné de son scone aux raisins. Quel plaisir oublié ! Le scone est servi avec beurre et confiture, autant dire que je ne m’en prive pas. Je provoque même l’hilarité du personnel en en commandant un deuxième (cela ne correspond peut-être pas à la très stricte étiquette du tea time). Rassasié, je termine l’ascension de la colline, pour ensuite tout redescendre dans de grands lacets doux à travers les sapins. Décidément, je préfère la route aux voies vertes et autres chemins de terre (n’en déplaise à mes amis vététistes). Je vélo file tout seul dans les longues courbes, je flotte littéralement sur mes grands pneus plutôt taillés pour les sentiers. J’aime sentir, comme dirait Depardieu, “les coussins d’air (et non pas d’huile, désolé Gérard) sous mon cul” (à celui où celle qui trouve le film et le réalisateur à l’origine de cette réplique que je truande, j’offre une miniature du véhicule concerné). Après avoir pris mon pieds sur ces belles routes, changement d’ambiance. Je finis pas arriver dans le nord, le vrai. Tout à coup, plus de grandes routes à doubles voies, plus de voitures qui filent. Non, une seule “single file”, une petite route tortueuse et très étroite, qui doit me mener, selon le panneau, à Tongue. Je regarde le GPS : “Prochain virage, 50km”. Pendant tout ce temps, donc, je vais devoir batailler pour avancer sur cette route dans un état plus que contestable et avec, une fois de plus, un vent… effroyable, dans la figure. J’avais bien prévu dans mes calculs que cette étape serait difficile, notamment à cause du vent. Là, c’est bien au-delà de toutes prévisions. En vérifiant ma vitesse entre deux coup de “zef”, je constate que je perds jusqu’à 5km/h, à puissance égale. C’est long, très long de venir à bout de ce morceau d’asphalte perdu entre les montagnes, qui cette fois sont rouge, couvertes de bruyère (bruyère qui, par ailleurs, ne saute pas en rond en se tenant par le petit doigt, je suppose donc qu’elle n’est pas de Quimperlé). Le paysage est par ailleurs magnifique, très sauvage. Plus je monte au nord, plus je suis surpris par ce que je découvre (et par le froid qui me gèle les os). Enfin, après plus de 3h d’efforts, voilà la ville. Ou plutôt le village. En fait, le hameau. Il n’y a RIEN à Tongue, si ce n’est une station service et le camping que je visais. Je m’y installe, on me vend de la nourriture. Je m’achète la très seyante et indispensable moustiquaire à midges car on est vite poursuivit par un nuage de ces jolies bestioles en restant statique. Alors que je finis ma bière (locale) en écrivant ces lignes, un immense soleil se couche sur les montagnes qui plongent dans la baie. Décidément, aujourdhui l’Écosse m’a récompensé. Demain il est finalement temps de découvrir John o Groats, point le plus haut du Royaume-Uni. Je ne sais pas bien encore ce qui s’en suivra. Retour sur mes pas pour partir sur la côte ouest, ou traversée en bateau ?
Commentaires
Moum
Un long dimanche de plus de 200km, alone contre le vent, glacé de surcroît, décidément Ivan tu es courageux … ! Tu mets ta résistance à l’épreuve là, même sur coussins d’air! (L’huile c’est dans la DS des valseuses de B. Blier, n’est-il pas! 😉). Une voiture, mes cousins en avait une, dans laquelle j’ai toujours été malade 😞 … Épouvantable souvenir, les virages …. Alors, tu commences à envisager le passage en Irlande? En tout cas, tu sembles avoir trouvé tes “marques” entre vitesse et effort. Le marathon continue! N’oublie pas de tenir compte des petits signes qui doivent t’inciter à mettre la pédale douce si besoin! Kisses😘
Dad
Ah ça sent quand même le grand Nord, ça devient minéral, mais t’es pas bien là, à la fraîche……………Un peu déçu de m’être fait devancer là -dessus… Rassuré sur ton potentiel physique, voici quelques pistes de réflexion pour toi qui es en-cyclopédie.
- Ton téléphone est-il toujours potable ?
- Es-tu à gauche dans tes rêves ?
- Combien de calories contient un Flapjack ?
- À combien de Flapjack correspondent alors 10 000 calories ?
- Existe t-il de la bière tourbée ?
- Les Loch sont-ils, comme on le prétend, parfois monstrueux ?
- Rouler à gauche, est-ce le début de la liberté ?
- Le fait de produire du pétrole peut-il expliquer leur façon de rouler les rrrrr ?
- Que pensent les Écossais de l’avenir politique d’ Asselineau ?
- La femme est-elle l’avenir de l’homme aussi en Ecosse ? l’ont -ils écrit ? Chanter ? Et pour le football ?
- Peut-on dire que le Cantal, c’est l’Écosse au soleil ? Très jolies photos et récit passionnant. Come on son, keep warm !