Ces traversés en ferry sont un véritable plaisir, toujours renouvelés. La bière n’est pas très chère, j’aime voir la côte s’éloigner, puis se rapprocher le lendemain, on y dort bien. Enfin ça, c’est si vous avez réservé une cabine. Moi, j’ai juste un siège inclinable et une voisine de derrière championne de kick boxing. Alors qu’à 22h je m’apprête à user de ma plus grosse voix pour lui dire d’aller voir chez les écossais si j’y suis, je m’aperçois que la pauvre vieille a l’air un peu… dérangée. Je garde donc ma mauvaise humeur pour moi, prends mon duvet et vais me coucher dans le couloir. La moquette n’est pas aussi confortable que l’herbe des campings, mais ça fera l’affaire. En fait ça fait si bien l’affaire que c’est la voix de l’hôtesse qui me réveille : arrivée à Roscoff dans 20 minutes. Vite, je range mes affaires, fais une petite toilette et me voilà déjà dans la cale à sortir mon vélo. Je discute un peu avec les autres cyclistes qui reviennent d’Irlande, tout le monde a l’air bien fatigué. Passage des douanes, recherche d’un café ouvert. On me sert un petit-déjeuner “à la francaise”, baguette, croissants et confiture au programme. J’avale tout ça, me change dans les toilettes et discute une bonne demi-heure avec une triathlète qui prend sa pause-café. L’étape qui m’attends est courte, à peine plus de 100km. Cependant, la traversée du Finistère s’accompagne toujours de celle des Monts d’Arrée, qui peuvent présenter quelques belles difficultés. Comme je n’ai qu’une hâte, rentrer à la maison et me reposer, je décide de faire la route à bon rythme, sans m’arrêter. Je grignote sur le chemin les pêches que j’ai importé de Cork ainsi qu’une baguette achetée en partant. Chers compatriotes, vous ignorez la chance que vous avez en dégustant chaque matin votre tartine de Campaillette, Tradition ou autre baguette labellisée. Quel bonheur, ce pain croustillant, cette mie tiède et moelleuse, ce parfum ! Je ferai des cauchemars de pain de mie que ça ne m’étonnerait pas, un genre de choc post-traumatique diraient les spécialistes. Je ne prends pas le temps de faire des photos, j’ai promis d’être là pour déjeuner, je veux tenir parole. Les champs et forêts se succèdent. A Châteaulin, la difficulté, bien connue, est de sortir de la cuvette. Mon itinéraire me fait l’honneur de m’emmener grimper un petit sommet local. 210m de haut, on a vu pire. Quoique les 7% de moyenne me font un peu chauffer, malgré une météo morose. En un rien de temps, Quimper (ou Kemper pour les puristes). Là, je débranche tout, cette route, je la connais pas cœur, je ne m’encombre pas avec les petits chemins et file sur la départementale. Je n’ai plus d’eau depuis déjà un moment, je veux juste arriver le plus vite possible. Plein Sud par la route de Bénodet, Pleuven, Fouesnant, quelques centaines de mètres par la descente du Cap et m’y voilà ; 25 jours de voyage qui s’achèvent. Je suis épuisé et content de pouvoir enfin déguster le gâteau breton au pruneaux (bien mérité je crois) qui m’attend. Je vais pouvoir profiter avec délectation d’un vrai repas chaud, d’une douche, d’un lit douillet, de la famille et des amis. Merci encore à toutes celles et ceux qui m’ont suivi et soutenu. Quel plaisir de découvrir vos messages au fil de mes journées de voyage. Avant la fin de la semaine, je dresserai un petit bilan de cette aventure sur ce blog et ensuite… il sera déjà temps de prévoir la prochaine !
Commentaires
Sandrine
BRAVO IVAN !! Savoure ton retour, profite des retrouvailles et de la baguette ! Merci de nous avoir réunis autour de ce voyage incroyable… A très bientôt !!
Georges
Bravo Ivan ! Je suis impressionnée de ce parcours vivement la prochaine aventure !
Max
Respect et perplexitude(s) pour ce périple poétique et sportif ! hâte d’entendre ton récit de vive voix ! Récupère bien de tous ces efforts, ton corps t’en remerciera surement ! Solide gaillard va … Une pratique le vélo dotée d’une philosophie admirable, cher ami, chapal beau !
Damien le Belge
Super periple, c’etait sympa de te croiser puis d’avoir pu suivre le reste de ton aventure!
L’arbre du chapon
Hi Ivan ! Je te souhaite un bon retour dans ta belle Bretagne que j’aime tant ! Un grand merci à toi pour nous avoir fait voyager à travers ta prose délicieuse et tes belles photos ! J’imagine que tout cela va te manquer et que tu seras vite projeté dans une autre aventure . En attendant bon repos ! Kenavo !!!!
Pollux du 2.9.
Le café chez Ty Pierre au petit matin > la vie. Tu dois revenir tester leur fish&chips maintenant. Pour ça il faudra accepter de ralentir un peu sûrement :) Félicitations pour cette super aventure et surtout pour le récit que tu en as fait !
Cabellou
Bravo! Passionnant!