La nuit est longue et confortable, dans mon vrai lit. Le camping, c’est un peu l’histoire du fou qui se tape la tête contre un mur : qu’est-ce que ça fait du bien quand ça s’arrête ! Je dors un peu trop, malheureusement. Verd 8h j’émerge enfin, je file prendre mon petit-déjeuner. Je discute brièvement avec les autres pensionnaires avant de m’éclipser pour me préparer et partir le plus tôt possible, je suis déjà très en retard. Je ne peux pas faire de miracles, le départ n’aura lieu qu’à 9h30. Je sais donc déjà que la journée sera plus courte, d’autant plus que je n’ai pas d’énergie, malgré le repas copieux que je viens de prendre. Et l’itinéraire ne m’épargne pas. Letterkenny est dans une cuvette, on attaque tout de suite par 3 km de montée pour sortir de la ville. Après un court passage de plat, c’est reparti pour de la montée et cette fois c’est du sérieux. Il s’agit de passer l’un des premiers cols du parc national de Glenveagh. Je peste contre mon itinéraire fait à la va-vite qui tire tout droit à travers le parc alors que je pourrais tout contourner par la cote. A la première grosse difficulté, je m’arrête, je n’ai pas les jambes. J’en profite pour manger une barre de céréales et lire vos messages d’hier, ça me donne un peu de courage pour repartir. Je viens finalement à bout de cette montée, pour découvrir, enfin, un magnifique paysage. Le sommet de la montagne plonge dans un peu petit lac “d’altitude”, des moutons paissent tranquillement et la route redescend en décrivant de jolis lacets que je prends beaucoup de plaisir à dévaler. Une fois en bas, je décide de suivre l’eurovelo 1, qui suit moins le trait de côte que mon trajet, ce qui me permettra d’avancer de façon plus directe vers le prochain camping ; j’essaie de m’économiser. Malgré les paysages magnifiques qui me motivent, je tombe rapidement d’épuisement. Je finis par m’écrouler dans un fossé (volontairement, cette fois), pour avaler des quantités industrielle de beurre de cacahuète sur le peu de pain qu’il me reste, histoire de remettre la machine en route. Je pense cependant que c’est surtout la fatigue qui m’accable, cela fait déjà 12 jours que je roule plus que je ne dors, la nuit sur le ferry m’a probablement achevé. Je repars au bout d’un long moment assis dans l’herbe moelleuse. Tant pis, je décide que cette journée fera tampon et me permettra de me reprendre pour repartir de plus belle demain. J’essaie de viser un camping par trop loin, d’autant plus que je dois passer un peu de temps sur le vélo. Il est en effet grand temps d’intervertir les pneus, car celui à l’arrière est déjà bien abîmé, comparé à son congénère (il s’use beaucoup plus vite notamment à cause de la répartition du poids sur le vélo). Je continue donc ma route à vitesse très réduite pour m’économiser. L’endroit est aussi beau qu’il est vide. Rapidement, je commence à me poser la question du ravitaillement, car je n’ai littéralement plus rien à manger ni à boire. Il faudra attendre bien longtemps avant de tomber sur… une station service (+10 points à ceux qui avaient deviné). Il y règne une ambiance très texane, avec musique country à fond dans des haut-parleurs miteux. Après avoir acheté de quoi faire un vrai déjeuner ainsi que des provisions pour le reste de la journée je décide, moi aussi, d’être un peu redneck. Ma chaîne hurle depuis des jours, toute l’huile ayant été rincées par les nombreuses averses (évidemment je n’en ai pas pris assez, j’aurais du vous écouter, Myriam). Je trouve une toute petite bouteille d’huile pour moteur 2 temps. Ça n’est absolument pas adapté, mais le contenant est à la bonne taille pour que je puisse le transporter. J’en badigeonne généreusement la chaîne : c’est gras, collant, mais au moins silencieux, enfin. Je repars repu et les oreilles reposées. Je sens enfin un semblant d’énergie revenir et j’avale sans problème les quelques dizaines de kilomètres qu’il me reste à parcourir. A 17h, je passe enfin la barre symbolique des 100km. J’en ri, car habituellement c’est plutôt entre midi et 13h. J’arrive vers 19h dans une station balnéaire apparemment très touristique. Mon devolu se porte sur le camping des dunes, où je pourrai manger chaud dans le petit restaurant (cf photo de l’incroyable pizza surgelée). Ce soir, je me couche le plus tôt possible. Je dois absolument récupérer pour essayer de faire mieux demain. Ceci étant dit, la route est très dure, le dénivelé important et le vent toujours présent (même si la pluie n’était presque pas de la partie aujourd’hui !). Peut-être que je changerai mon rythme pour la partie irlandaise du voyage, histoire de pouvoir visiter un peu plus, quitte à finir en train pour arriver à Cork à l’heure par exemple. Aucune décision n’est prise pour l’instant, mais j’y songe.
Commentaires
Dad
Si j’étais un jardin d’agrément, sans coup férir : le jardin des plantes à Nantes. Une rue : M.Ravel. Une balade au bord de l’eau : l’Erdre entre La Tortière et La Gandonnière. Mais si j’étais une île … donner une réponse définitive serait trop difficile, il faudrait en resserrer l’espace géographique. Par exemple, une île bretonne : sans conteste : l’île d’Yeu. La No1 resterait sans doute Texel en Hollande : ces lignes de couleurs sont si remarquablement découpées, une succession d’aquarelles… Mais l’alliance de violence et de délicatesse, c’est sur Achill Island qu’on la retrouve le mieux… Grande sœur a raison : j’ai été conquis et je me souviens très bien des moments passés là-bas… Incroyable Keem bay !! Puisque désormais, les conditions semblent meilleures…… J’espère sincèrement que tu auras l’occasion de la découvrir (je crois qu’il y a une voie vélo), même si j’imagine que l’été, nombre de touristes la parcourent… Come on son, keep impregnating and it may be a good idea to slow down….
Moum
Coucou Ivan, Ton corps t’impose un changement de rythme et c’est une très bonne chose! Ça tient un peu de l’exploit ce que tu as fait jusqu’à présent. Te voici sur une terre mythique! Prendre le temps d’apprécier ce beau pays, c’est une évidence. J’ai hâte de voir ce que tu vas découvrir … ! Take care of you, baby, and Keep cool! 😉😘
Yann
Hi Ivan ! Que de paysages magnifiques ! J’espère que cela compense ta fatigue, tu en prends plein les yeux ;) Je dois dire que je ne sais pas comment tu tiens physiquement ! C’est hyper dur comme parcours. Alors encore une fois, bon courage ! Ton vélo est ton meilleur ami actuellement :D