Ce matin, rien ne presse. Je dois en effet attendre l’ouverture de la supérette du village pour retirer de l’argent que je laisserai à l’accueil du camping (comme prévu hier, pour ceux qui suivent). Petite déconvenue : ce matin, il pleut. C’est toujours moins agréable de se lever dans l’humidité. Heureusement, cette sensation est bien vite atténuée par mon voisin fort sympathique qui vient m’offrir un café frais (filtré à la french press, ça ne s’invente pas). Nous discutons un peu, il est cycliste aussi. A peine est-il reparti qu’un écossais, cette fois, vient à ma rencontre et commence à me questionner sur l’itinéraire. Il m’oriente notamment sur le meilleur moyen de passer en Irlande ; c’est toujours ça de prit.
Une fois terminées ces discussions et le matériel rangé, il est 9h bien tassées. Je me rends à l’épicerie (il n’y a pas de distributeur de billets), pour m’entendre dire que les cartes étrangères ne passent pas, je vais donc devoir attendre l’arrivée du propriétaire (vers 9h30) pour payer le camping. J’en profite pour visiter les alentours de l’église, lorsque je rencontre Chamberlain. Il est le bénévole de la paroisse qui vient, chaque jeudi depuis 15 ans, remonter les contrepoids de l’horloge de l’église. Très sympathique (et ancien cycliste, évidemment), la discussion est animée et rapidement, il me propose de l’accompagner. Une visite guidée d’un vieux clocher dispensée par le locataire des lieux, je ne peux pas dire non ! Nous voilà donc partis pour l’ascension du modeste édifice. Au premier étage, nous remontons chacun un contrepoids -un pour les heures, un pour les demi heures- et Chamberlain termine par un troisième, plus petit, pour le pendule.
Au deuxième, nous vérifions l’état des cloches, qu’il fait sonner d’un coup de pied. Une fois l’état des lieux et la visite de la nef terminée, il s’en retourne à ses occupations probablement toutes aussi pieuses, tandis que je vais finalement payer ma nuit. Départ donc à 10h. Je ne suis pas très fier de moi, mais ça en valait la peine ! Je me fait cueillir rapidement par Fleet Moss, une belle ascension de 5km à 9% de moyenne, ça réveille. La descente de l’autre côté est vertigineuse, j’ai l’impression de dévaler une piste noire ; record absolu de vitesse battu, 86km/h ! Je continue à m’enfoncer dans le Lake District. Malheureusement, quand je l’atteins, la pluie a repris de plus belle. Ma seule ascension de col du district s’effectue donc sous une belle “shower” du début à la fin. C’est dommage, mais ça ne m’empêche pas de suer toute l’eau de mon corps, malgré le maillot ouvert et les 20 degrés. Je constate avec joie que les sensations reviennent enfin dans mes jambes, après 4 jours de galère. J’avale, certes non sans peine, des rampes à 20%, ce qui n’aurait pas été concevable dimanche dernier. Belle descente une fois de plus, qui m’emporte vers de grands lacs, dans lesquels les anglais… se baignent (?!). La fin de la journée est moins drôle, j’ai brûlé trop d’énergie, il pleut toujours et il est déjà tard. Je cherche un camping, que je trouve dans la banlieue éloignée de Carlisle. Les 40km pour le rejoindre sont pénibles, j’ai beau manger tout ce qui passe la portée de ma main que je plonge régulièrement dans mon sac, l’énergie ne revient pas. C’est la pire sensation qui soit car elle n’annonce qu’une chose : il faut s’arrêter.
J’arrive enfin dans un petit camping à la ferme, qui n’est autre qu’un champ avec des toilettes de chantier. J’installe ma tente, toujours pas imperméable (mais j’ai acheté le nécessaire !) Et je profite enfin d’une bière méritée accompagnée d’un petit bleu bien français. La météo n’est vraiment pas bonne, il pleut à grosses gouttes et pour la première fois, j’ai froid. Selon mon voisin de tente, “c’est plutôt normal, pour la saison !”. Ils n’ont pas la chance de connaître l’été, les pauvres. Demain, plein Nord !
Commentaires
Nicolien
horloge.setContrepoids(0) à la mano
Dad
Sympa également ces petites aventures extra-cyclistes…. On perçoit bien sur tes photos tout ce qui fait le charme britannique : le perpétuel aspect “showers” menaçantes - Le ruisseau tourbé de Kettlewell dont la couleur sent le pitted whisky - Le “chat bench”- Le “slow down red squirels”….So british all of that… Es-tu en train de tester toutes les sortes de Flap Jack rencontrées ? What about Yorkshire’s one ? Concernant the weather , s’il t’arrive d’être bien brumisé, pense aux 39 degrés prévus ce mardi à Bordeaux et imagine- toi pédaler sous ces températures !!!! Come on son, welcome to Scotland, the weather will be better..
Moum
Insolite cette rencontre avec Chamberlain … ! Te voilà invité à remonter les pendules, et en effet, il semble s’être arrêté le Temps, là-haut ! Ce n’est pas un mythe, ces paysages brumeux, cette ambiance … C’est vraiment beau! Bon il pleut, ça il fallait s’y attendre, mais c’est mieux qu’un soleil de plomb sur cette route magnifique et redoutable! Ne te lâche pas trop dans les descentes quand même!!!🫣 🙃
Teunteve
Bon Ivan essaye de nous revenir entier!Tu n as pas droit à une journée de repos de temps en temps comme les coureurs du tour de France ?En tout cas,nous attendons avec impatience le récit de tes aventures et tes photos qui effectivement nous rappellent bien l atmosphère british…Je ne te connaissais pas ces talents epistolaires..promis quand tu écris ton livre j en réserve un d office pour la bibliothèque de st Gilles !Te voilà maintenant en Ecosse profite bien de ce magnifique pays.. J en profite moi aussi pour passer un grand bonjour à moum de la part de moun😊
Sandrine
Incroyable ! Décidément tu nous tiens en haleine ! Je viens de faire 40 km pour boire un pot à la Rochelle : je suis bien loin du compte! Bravo pour tout ce parcours!! Et merci pour ces magnifiques photos qui me donne décidément envie de retraverser la Manche !!