Quel bonheur de se réveiller -pour la dernière fois du voyage peut-être- sous un soleil éclatant. Cette nuit, la chaleur m’a même sorti du sommeil, j’ai enlevé quelques couches. Je sais que la journée sera courte, je dois me remettre de l’effort de la veille et Cork est si proche que je peux me permettre de flâner. Départ après avoir chaleureusement remercié Paddy pour son accueil et ses bons conseils. Je n’ai pas d’itinéraire, je vais juste suivre la côte et m’arrêter où bon me semble, pour observer un château, une petite crique, un phare. Je roule tout doucement, les muscles sont très endoloris. Dès le début, un petit col, que je n’avais pas du tout prévu. Il me met dans le rouge tout de suite (ça se voit sur la photo au sommet). Je subis de plein fouet le contrecoup d’hier et, disons-le, j’ai mal au derrière (oui ça rime, je sais, je suis un peu poète sur les bords de la selle). Une fois cet obstacle passé, c’est la première pause à Ballydehob (Bally, ça veut dire ville en irlandais, c’est un peu le Ker breton. Ça a été “anglicisé” par les britanniques). Un bon grand café, des scones et pas mal de scènes de vie à la station-service. Petite visite de Baltimore ensuite. Je pensais prendre le ferry pour voir les îles en face, mais je suis trop fatigué, je vais rester très simple aujourdhui. Je repars sans entrain vers les coteaux de Skibbereen. J’y trouve un Lidl, ourah ! Je fais des courses en me disant qu’après déjeuner, mon immense fatigue finira par s’estomper (spoiler : non). Je profite de mon repas, qui s’éternise, sur la jolie plage de Tragumma. J’apprends aux dépens d’un jeune baigneur qu’il y a aussi des vives dans les eaux irlandaises. Au dessus de 10 ans, la plupart des nageurs sont en combinaison, n’exagérons rien, la mer doit être glaciale. Le ventre plein mais toujours las, je vais visiter Casteltownshend (attention ce n’est pas le même bled que la dernière fois, il y a des lettres qui changent). C’est un tout petit port surmonté d’une belle église anglicane. C’est aussi au bout d’une immense descente qui se termine en cul-de-sac. Pas de chance. Je remonte, remets un peu de crème (solaire et hydratante, rien ne va plus). Je flâne ensuite très doucement le long de la côte, on commence à sentir l’influence de Cork. Les petits villages de pêcheurs se font plus cossus, les maisons sont rénovées, de gros SUV remplacent les tracteurs. Je m’offre enfin une dernière petite visite à Galley Head pour voir la pointe et le phare qui la surplombe. C’est beau, sauvage ; dommage, deux vieux hipsters en van me gâchent la vue (un peu). Au prix d’un dernier effort, je passe devant le O’Connell, où l’on joue de la musique traditionnelle, devant le stade, ou se prépare un match de hurling entre deux équipes locales, puis j’arrive, enfin, au camping. Ça peut paraître improbable (faut-il le vivre pour y croire ?), mais dès mes premiers pas dans l’endroit, on m’offre des bières. Le temps de monter ma tente et les premières grosses gouttes commencent à tomber. J’achète à l’accueil de quoi faire à manger, il y a une cuisine ! Un voisin me propose de l’huile d’olive pour faire dorer mes oignons, finalement il m’offrira plus tard une moitié de pizza (et une troisième bière, que cette fois je refuse à contrecœur, mais je vais vraiment rouler sous la table sinon). Je prépare une fricassée d’oignons et saucisses transgéniques, noyés dans une énorme omelette accompagnée de ses beans à la tomate. Autant dire que je peux ne plus manger pendant quelques jours. Les irlandais sont impressionnés par la french cuisine et l’odeur qui s’en dégage. Je rigole bien, en voyant la tête de ce que j’ai préparé. Ce soir, ça sent vraiment la fin du voyage. Je suis épuisé et j’ai reçu un mail de Britanny Ferries m’annonçant les règles à respecter pour l’embarquement, coup dur. Je sais que dès mon siège pris dans le bateau, l’aventure me manquera déjà. Au fil des rencontres de la journée, j’ai noté quelques endroits potentiels à visiter dans le coin. Je me réserve éventuellement une journée pour Cork, mais je ne pense pas dormir en ville, les hôtels sont trop chers et les auberges de jeunesse trop remplies.
Commentaires
Moum
Hey Ivan! Je sens poindre un peu de mélancolie dans ton dernier message. La fatigue? sûrement, la fin du voyage? sans doute, la pluie? certainement … Alors tout va bien. Profite, et savoure ta descente vers Cork. Ici aussi, l’eau est tombée, avec la chaleur étouffante, enfin … on respire! Tu vas vite reprendre des forces, profite de l’instant! Open your eyes and Keep dreaming! 😘
Leslie
Ayayay bientôt le retour vers le Sud… Je t’y accueillerai telle une bonne British avec …. roulement de tambour… une bière ! Très très hâte. Mais jusque là, oublie le retour à Bordeaux et profite bien encore de chaque instant présent :)
Dad
Ciao Ivan, come stai ? C’est un peu comme l’avion avant l’atterrissage ! Encore quelques ronds avant la descente… Que faire maintenant de tous ces dépendants au blog, dont tu fais d’ailleurs partie ? Je te propose de le poursuivre en utilisant ton expérience pour l’adapter au monde du travail. J’ai d’ailleurs quelques titres de rubriques qui pourraient en intéresser plus d’un : -" Se remettre en selle après les vacances". -“Peut-on longtemps conserver le tête dans le guidon ?” -“Que faire en cas de coup de pompe?”
- Comment réagir lorsqu’un collègue pète un câble?"
- “Je pédale dans la choucroute, comment changer de braquet?” -“Apprendre à “mouiller le maillot” en équipe” … Retour à Vérines end pour nous, toujours pas une goutte d’eau à l’horizon ! Come on son, keep huming the air !
Teunteve
Merci de m avoir fait revivre nos nombreuses aventures en Irlande dont une des plus mémorables eut lieu justement dans la banlieue cossue de Cork où nous avions été reçu par la famille de Trish la correspondante de Violaine. Après une soirée très arrosée,dans une magnifique propriété comprenant un golf privé,vers 2h du matin à débuté une discussion très, très animée entre le père descendant de tenanciers de pub très République irlandaise et la mère issue de l aristocratie anglaise!Et nous ,pris à témoin après moults irish coffees et avec notre anglais scolaire… Quel souvenir! Tu vas sans doute connaître une période de flottement mais la réalité du monde du travail va vite s imposer et puis surtout tu vas commencer à préparer ton prochain périple! En tout cas félicitations pour être arrivé au bout du projet! Et bises à tout ton fan club