Le réveil sonne, je regarde l’heure : 6h, je l’éteins, me rendors, puis me réveille 1h30 plus tard. Au final, les vacances ça ne me change pas trop du bureau ! Je discute un peu avec de vieux rouleurs qui dorment à côté. Alors que je m’extasie sur le fait que l’un d’entre eux dort à l’abri d’un simple bivy, son collègue me répond, en roulant les “r” sous sa grosse barbe, “don’t tell him he’s hardcore, you’re quite hardcore yourself”, en montrant du doigt mon campement par dessus mon épaule. Je me retourne en rigolant : ma tente est à moitié montée car j’ai finalement décidé que je voulais voir les étoiles hier soir. Des gouttes de rosée dégoulinent de la toile sur mon duvet, roulé en boule dans l’herbe humide. Un escadron de grosses limaces noires est parti en expédition sur mon matelas et mes sacoches, à la recherche des précieux MacVities. Je suis effectivement peut-être un peu en train de me clochardiser, me dis-je, il est temps que s’arrête le voyage. D’ailleurs, quelque chose a trouvé l’accès à l’un de mes gâteaux, car il est à moitié grignoté. Double dose de café maison et me voilà sur la route. On a ri hier de mon régime à base de sucres lents et rapides : je ne change rien, à 10h30 c’est carrot cake et grand café. Voilà de quoi bien de motiver ; il vaut mieux d’ailleurs car le camping était au pied de la plus grosse montée de la journée. Tant pis pour les genoux, ils se seront échauffés dans la douleur. La journée ressemble fort à celle d’hier, je fais à nouveau le tour de la péninsule, cette fois c’est le “ring of Meara”. Les vues sont moins impressionnantes, mais il y a aussi beaucoup moins de touristes, ce n’est pas pour me déplaire. Je passe surtout dans de nombreux petits villages dont les façades des maisons sont peintes de couleurs criardes. Est-ce pour appâter les touristes ? Y’a-t-il une raison historique ? Quel est l’âge du capitaine ? Tant de questions qui resteront sans réponse. Alors que je suis perdu dans tous ces pensés, j’arrive déjà à Casteltownbere (oui les patelins ici ont des noms à coucher dehors). Sans m’en rendre compte, j’ai fait le tour de la péninsule et j’ai malheureusement loupé la sortie vers la pointe. Tant pis, je suis déjà trop loin pour faire demi-tour. Je continue ma route sur une grande départementale un peu trop passante pour être aussi agréable qu’hier. Étonnamment, le paysage a encore changé et je traverse des collines beaucoup plus minérales, recouvertes de roches parfois. La route est bonne et facile, je finis par redescendre le long de petites criques dans lesquelles se baignent joyeusement des familles. A Bantry, ravitaillement chez Lidl. J’achète de la crème hydratante car mes mains et pieds se craquèlent de partout ; la chaleur sans doute. Il me faut impérativement trouver un petit kit de couture aussi, car ma tente montre des signes de faiblesse (merci les campeurs qui se sont pris les pieds dans les haubans) et la pluie doit revenir d’ici lundi. Je n’ai pas très envie que le voyage se termine mal. Courte et sympathique discussion avec des toulousains surchargés : la montagne, c’est dur avec des vélos de 50 kg ! Tu m’étonnes. Je prends encore un détour avant le camping car j’ai peu roulé malgré l’heure et je suis en forme. Bon, ce sera ma deuxième grosse côte de la journée, car il faut grimper la falaise qui surplombe la baie. Le soleil commence à descendre sur l’horizon, les couleurs sont magnifiques. Après Durrus (où j’achète encore à manger, c’est, de loin, mon premier poste de dépense) il ne me reste que 5 km jusqu’au camping. Il est complet, mais en jouant la carte du cycliste sympa qui n’a qu’une toute petite tente, on fini par me caser dans un coin qui est plutôt le jardin des propriétaires que le camping lui-même. La vue sur le bras de mer et les montagnes en fond est magnifique, l’herbe plutôt haute et moelleuse : ça me va très bien. J’ai encore bien brûlé malgré les nombreuses couches de crème solaire. Il est temps de traiter tout ça, avant d’attaquer un bon dîner constitué de beans, petits pois et sardines à l’huile, devant les yeux écarquillés et écœurés de mes voisins de table Allemands. Demain, si le temps le veut bien, rebelote ! On me dit qu’il me reste encore de nombreux jolis endroits à découvrir le long de la côte, je continuerai donc de prendre mon temps.

Commentaires

Moum

Y’a pas d’doute … ! comme aurait dit quelqu’un … 😌, tu m’as l’air d’avoir trouvé un paradis! Un enchantement, pour ton appétit (sens 1) d’aller toujours plus loin, plus vite, plus haut et pour ton plaisir de la découverte! Il transpire le bonheur ce visage qui s’irlandise 🙂! Et alors, que dire des Mc Vitties, apple pies, brownies, muffins et autres carrot cakes! Pour un peu, tu nous ferais envie avec tes beans à la sardine en boîte! Quel appétit! (Sens 2),(Bon, je ne veux pas avoir l’air d’insister), tes rencontres chaleureuses m’ont l’air toutes aussi truculentes! Merci Ivan pour ces lignes généreuses et tes photos qui le sont tout autant! So, Keep savouring! 😚

Nina

J’ai le sentiment que le meilleure feuilleton de l’été touche à sa fin… Tu veux pas refaire un p’tit tour, histoire qu’on continue à en prendre plein les mirettes et à récolter des recettes de cuisine insolites ? :)

Dad

Hello Ivan, Il te reste à savourer ces derniers jours et également sans doute cette parenthèse ensoleillée. Je me permets quelques propositions avant de quitter le paradis : aller voir un match de hurling ou de football gaélique, tester un Irish crumble cake ou un shepherd’s pie ( mais apparemment tu es plus sucré), assister à une course de lévriers ou à un spectacle de danses irlandaises , trouver un pub où se donne un concert avec violon-piano-guitare et pourquoi pas pipes et harpe irlandaise, repérer un van remis en état par deux copains pour vendre des frites et des burgers……… Devinette pour les soirées à venir, qui conte cela ? “- Mon ancêtre, un prince russe, se trouvait à Paris. Il ressemblait furieusement à Louis XVI, il fut donc arrêté et conduit à la guillotine. Au moment où allait s’abattre le couperet, sa femme fendit la foule en hurlant, s’approcha du bourreau… Malheureusement, elle ne parlait pas franÇais…… Elle s’est remariée peu de temps après.” Come on son, keep fingering.

Sandrine

Hello Ivan !! C’est toujours un délice d’accompagner le café du petit déjeuner par tes récits … L’épisode des vélos électriques m’avait notamment beaucoup amusée hier ! Maintenant je pense que Onepoint va devoir investir dans un vélo-bureau ! Sinon la reprise va etre difficile ! Et l’avantage pour eux : avec ton coup de pédale, ils pourraient alimenter toute l’entreprise en électricité ! 😂 Profite des prochains kilomètres, régale-toi… des paysages et autres délices ! P.S. je salue également la maman d’Ivan, désormais propriétaire d’une DS 😉

Yann

Voilà cher Ivan, j’ai rattrapé tout mon retard (je m’en veux de m’être laissé dépasser par le temps …). Mais en fait j’étais dans des cours, hyper motivé, que j’avale du matin au lever jusqu’au soir. au coucher. Une nouvelle fois de belles images :D Merci mille fois. Au fait, as-tu pu te régaler en regardant les étoiles ? Perso, j’adore cela, même si je ne le fais pas assez, parce que le confort de mon lit ne me pousse pas à sortir une fois la nuit tombée. Profite bien encore jusqu’au bout de tout ce qui rend ce voyage magique : les paysages, la vitesse, les éléments, mais aussi les rencontres, les échanges, l’entraide, le partage. Que de belles choses que j’ai pu entrevoir dans tes récits ! C’est beau, et cela me redonne du baume au coeur :) Des bises

L’arbre du chapon

Hello Ivan ! J’ai décroché quelques jours mais je viens de rattraper mon retard et c’est toujours avec plaisir que je lis ton récit de voyage ! Quelle performance et quel courage ! Franchement , faire la nique à des vélos électriques, bravissimo ! Je jalouse ce que tu manges, la façon que tu as d’en parler donne l’eau à la bouche ! Mais je ne jalouse aucunement les limaces !!! Beurk!!! 😫 Je ne sais pas quand tu rentres ? Mais profite bien de tes derniers jours et continue de nous ravir de tes mots et tes photos ! Enjoy!